62-59

13 novembre 2007

L’épisode Paris est terminé. Bouclé. Vu. Retourné.
Je repars dans la région qui m’a vue “grandir”. Pas forcément emballée de retrouver, surtout en cette saison, le décor gris et froid, l’accent marqué et les discussions grasses autour du Picon-bière matinal.

 
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“Ah ben merde alors!”

27 octobre 2007

Alors voilà, quand on est trop câlins ça ne va pas, quand on ne l’est pas assez c’est presque pire …
Merde hein … moi je vais me faire zoophile !

10 ans

29 septembre 2007

 

Cette bonne odeur de chocolat chaud le matin, les yeux qui s’ouvraient par réflexe grâce à cet appel olfactif … C’est terminé. Es-tu sûre que ça a eu lieu ?
Ces soirées allongée seule devant le feu … tu te sentais chez toi.
Led Zeppelin, Pink Floyd, Police, U2, Sinead O’Connor, Suzanne Vega et tellement d’autres venaient prendre le chaud, avec toi sur ce pan de couverture, sur ce bout de canapé, sur ce carrelage froid ou tu collais tes joues rougies par la brulure agréable des flammes.
C’est au cours de ces années que tes yeux ont commencés à s’aggrandir, que tes envies d’écritures et de musiques ont chatouillés ton ventre.

Tu les as aimés ces années, autant que tu les as craintes.
Cette boule, là, t’as permis d’avoir envie d’aller voir de l’autre côté de la rue.
Merci vous, merci toi, de lui avoir fait découvrir “ces gens-là”, qui l’ont bercés longtemps et la bercent encore, quand elle pense à toi et qu’elle prend conscience de ce qu’elle n’a pas eu et qu’elle n’a toujours pas.

 

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RER B

1 septembre 2007

Elle est souriante, optimiste, pleine de vie et d’histoires, et elle me les raconte avec enthousiasme dans ce RER qui nous emmène au bout de la ligne B.

Elle est infirmière, habite Paris et ne supporte pas les transports, qu’elle n’a pas pris depuis deux ans. Elle a les larmes facile et parle avec émotions des gens qu’elle aime, qu’elle a rencontrée, qui ont marqué et marquent encore sa vie.

Elle a aimé un homme qui en a aimé une autre, elle a été appelée un soir de Noël pour soigner le Général Aubert, handicapé et seul, elle a vu son frère Philippe rénover une maison abandonnée depuis le 16ème siècle.

Elle est bien habillée et coiffée, et elle me parle d’un nouvel amoureux qui l’attend au bout de cette ligne : “J’aime entendre ta voix, mais pas au téléphone. Je t’aime et je veux t’entendre près de moi”. Elle a pris du temps pour s’habiller, se faire belle. Une heure.

J’étais fatiguée et heureuse de rentrer chez moi mais plutôt que de m’arrêter à mi-chemin, je voyage avec elle, je l’accompagne jusqu’au bout. J’aurais passé une heure à feuilleter les pages d’un livre d’histoires. Interloquée, elle ne me voit pas descendre à mon arrêt, me demande si “c’est là que vous devez vous arrêter non?”. Sourire sincère, “javais envie de passer plus de temps avec vous”, et puis je n’avais jamais été plus loin, ça me fera visiter …

Sur le quai de la gare d’arrivée, elle m’embrasse, me demande si je suis mariée, si je suis maman. Je lui donne mon prénom auquel elle attache par réflexe l’adjectif “jolie”.

Mme M., 103 ans, aura éblouie ma journée.

Postcard

26 août 2007

” Cet été aura été plein”.

Dans quelques jours, ce sera la rentrée.

L’avantage avec cet été, c’est que ça aura été les vacances tous les jours! Même au travail … (je  vous conseille d’ailleurs la partie de volley-ball avec un paquet de clopes dans l’open-space … ça détend un poil!)

22 août 2007

Elle est blondinette, court un peu partout, se bat à coup de bâton, jette des cailloux sur les grenouilles, défend son grand frère à la récré, fait rire son père, écoute sa mère.

Elle a les cheveux rouges, passe son temps au salon de piercing, rêve de tatouages et de voyages, aime passer son temps au lycée et sur la plage, embrasse des filles pour finir à l’hôpital.

Elle a les cheveux bruns, elle rit, n’a pas peur du ridicule. Elle aime les gens, est paresseuse et devrait vivre au lieu d’être spectatrice.

“Je serai capitaiiiiine”

22 août 2007

Si j’étais un homme, ce serait beaucoup plus facile …

Sexy au naturel : on laisse pousser une barbe de deux ou trois jours, on laisse ses cheveux en bordel (coiffé, décoiffé, négligé mais sexy), un pantalon et une petite chemise un poil cintrée.

Voilà.

13.13

2 juin 2007

Il sera là, devant elle.

Peut-être en face d’un café. C’est presque sûr.

Il a toujours eu l’impression que boire du café faisait “adulte”. Il n’aime pas le goût amer dans sa bouche, c’est du mauvais café, assurément, alors il va mettre beaucoup de sucre dedans. Il va remuer le contenu de sa tasse longtemps, sans y prêter attention. Parce que son père faisait pareil quand il était enfant. Le nez en l’air, sans voir qu’il en renverse la moitié à côté. La tâche de café glisse sur la nappe en plastique, il la remarque et repose sa cuillère dessus. Le dos de la cuillère s’écrase contre la petite flâque brune . Il va lever sa tasse et la porter à ses lèvres en froncant les sourcils. Ca aussi c’est devenu habituel, une imitation pathétique de la gestuelle de son père. Il l’a toujours craint, peut-être qu’avoir la sensation de se l’approprier le rassure.

Tous ces gestes vont l’énerver. Elle va le regarder en cherchant ses mots et en essayant de contenir sa colère. Elle ne se sent pas à l’aise dans cette “maison”, parce qu’elle ressemble à toutes celles de son enfance : les tables en formika, recouverte d’une toile cirée - motif à fleurs, avec les auréoles laissées par les tasses de café séchées.

L’odeur du déjeûner de tout à l’heure. La vaisselle en train d’égoutter dans l’évier.

Il va rouler une cigarette, en prenant son temps, et en froncant à nouveau les sourcils.

Elle va avoir envie de lui crier d’arrêter de construire sa personnalité à travers celle des autres. Elle va avoir envie de faire demi-tour, remuer la tête et soupirer, “il ne comprendra rien de toute façon. Qu’est-ce que je suis venue faire ici?” Et puis elle n’a pas fait tout ce chemin pour rien. Ca fait des mois qu’elle a envie de lui dire. Qu’elle a envie de le confronter à la réalité. Et elle a envie de voir sa réaction, quand il se rendra compte qu’elle est beaucoup plus forte que quand elle était petite.

 

“Pourquoi tu es ici ? Qu’est-ce qui t’amènes ? Je suppose que tu viens me demander de te preter du liquide ou de t’héberger c’est ça ? C’est ton parisien qui t’as foutu dans la merde ? Tu t’es enfin rendu compte que tu t’étais encore fait avoir une fois de plus ? Haha! Parce que tu crois qu’on peut t’aimer vraiment toi hein ?! T’as toujours été naïve, déjà quand on était gosses. Longtemps tu as cru pouvoir consoler maman en lui faisant des bisous, en lui caressant gentiment la main et en faisant “chuuuut”. Et papa tu essayais de le faire rire en grimacant, en faisant des bras de fer avec lui, en dansant comme une folle, en allant faire le poirier ou du foot dans le jardin. Enfin, t’as toujours été têtue et t’as jamais voulu m’écouter. Ta vie elle pourrait être simple : trouver un mari, faire un gamin, et vivre sur les allocations. Tu sais, je connais des gars bien, qui cherchent des filles comme toi.”

Que veux t-il qu’elle lui réponde ? Qu’il a raison, que la vie c’est pas vouloir ce qu’on veut de mieux pour soi-même ? Et toi tu te sens bien dans ta vie ? Tu aimes ce que tu fais avec ? Ou tu n’en as même pas conscience ? A la limite ça vaudrait presque mieux pour toi. Tu as fait un enfant pour quoi ? Parce que tu en avais marre qu’on ne te considère pas comme un adulte ? Parce que tu veux (te) prouver que tu es capable de l’élever, de lui donner ce que tu n’as pas eu ? Seulement, là, le souci c’est qu’à son âge tes parents t’avaient donné déjà bien plus ! Bon et puis de toute façon ce n’est pas le propos, elle n’est pas là pour parler de la façon dont elle a décidé de mener sa vie, parce que ça la regarde et qu’elle est fière des décisions qu’elle a dû prendre.

“Je suis là parce que j’ai des choses à te dire. Je suis juste passée.”

“Ah tiens ? Haha, c’est pas nouveau ça. Ton besoin de parler, de tout vouloir comprendre. Tu peux rien garder pour toi, t’es terrible. T’as besoin de comprendre pourquoi les gens ont agi comme ça, pourquoi ils ont choisi ce mot et pas un autre, cette solution et pas la suivante. Mais ce que tu ne veux pas comprendre c’est que les gens en ont marre de toi, de tes gamineries et de tes caprices, tu nous lourdes à la fin, on aurait envie de t’en coller une!”

“Arrête de crier maintenant, tu vas faire pleurer le bébé”. Elle a dit ça d’un ton très calme, elle n’est pas venue ici pour rendre des comptes, pour s’énerver et pleurer une fois de plus, pleurer parce qu’il ne comprend rien, et que c’est con de voir les gens détruire leur vie comme ça. Mais elle a grandi et a compris que si les gens ne veulent pas franchir le pas, on ne peut pas le faire à leur place.

“Tu te souviens de ce qui s’est passé quand on était petits ?”

Il toussote, fronce les sourcils, reprends sa cuillère où il l’avait laissé et la mets dans sa bouche . Maintenant il doit sentir le goût du café froid et du métal. Il a laissé son mégot s’éteindre sur le cendrier. Sa jambe gauche remue, il est nerveux, il a toujours été comme ça. Il a un tic aussi, il cligne des yeux.

“Tu sais il s’en est passé des choses quand on était gamins hein. C’est pas à moi que tu vas l’apprendre, ça. Tu veux parler de quoi ? Du divorce ? De papa ?”

“Non. De nous deux. Du soir. De ta chambre.”

“Ah ouais, quand on se racontait des histoires, ouais, c’était cool ça ! Papa nous engueulait de nous coucher aussi tard! On faisait des ombres chinoises aussi, tu te souviens, avec le sabre laser ! Ahah ce qu’on était cons … C’est loin tout ça …”

“Non, je voulais pas parler de … enfin je me souviens aussi de ça. Mais … tout le reste. Enfin, tu dois bien en avoir des souvenirs non ? Ecoute c’est pas facile pour moi d’en parler. Ca n’a pas été facile de m’en rappeler et d’accepter d’avoir laissé faire tout ça. Alors j’aimerais juste savoir si tu y as pensé de temps en temps . Si tu sais pourquoi tu as fait ça. Et pourquoi à moi. Comment s’est arrivé ? Je sais pas … enfin, maintenant tu sais que je suis au courant, que je m’en souviens et que je ne t’en veux pas. Mais je me suis détruite pendant des années sans s’avoir pourquoi. Maintenant c’est terminé tout ça et je voulais que tu te rendes compte que tu n’avais plus d’influence sur moi.”

“Héhé je suis ton grand frère, on a toujours besoin de son grand frère!”

“Non, pas comme ça, non.”

“Tu l’as dit à la famille ?”

“Ca ne te regarde pas. Je prends des décisions depuis beaucoup plus longtemps que toi. J’ai eu les couilles de partir, je savais pas ou ça allait m’amener tout ça mais j’ai essayé de ne pas réfléchir. Tu m’as dit toi-même que tu te satisfaisait de ce que tu avais.C’est tant mieux pour toi. Maintenant je rentre chez moi.”

“Et … c’est tout ? On fait quoi maintenant ?”

“Tu fais ce que tu en veux, j’ai fait ce que je voulais faire. Ca m’a pris du temps mais on y est. Et finalement tu ne me fais pas peur. Prends soin du petit si tu peux. A … plus.”

 Elle referme la porte quelques secondes plus tard. Elle se regarde dans le miroir et croit voir une petite fille lui sourire et lui dire merci.

Berceuse

23 mai 2007

Le rapport de police ne dit pas combien le corps de mon épouse était chaud quand je me suis réveillé ce matin là. Combien elle était douce et chaude sous les couvertures. Il ne dit pas comment, lorsque je me suis tourné vers elle, elle a roulé sur le dos, sa chevelure étalée en éventail sur l’oreiller. Sa tête était légérement inclinée vers une épaule. Sa peau du matin sentait le chaud, à la manière dont les rayons du soleil donnent l’impression de rebondir sur une nappe blanche dans un beau restaurant près de la plage pendant votre lune de miel.

Le soleil filtrait au travers des rideaux bleus, bleuissant sa peau. Bleuissant ses lèvres. Ses cils s’étiraient sur ses deux joues. Sa bouche était un sourire détendu. Toujours à moitié endormi, j’ai posé ma main sur sa nuque, j’ai basculé sa tête vers moi, et je l’ai embrassée. Son cou et ses épaules étaient tellement souples et décontractés. Ma bouche toujours sur sa bouche chaude, j’ai remonté sa chemise de nuit autour de sa taille. Ses jambes ont paru s’écarter sur un doux roulis, et ma main l’a trouvé relâchée et mouillée à l’intérieur.

Sous les couvertures, les yeux fermés, j’y ai glissé ma langue. De mes doigts mouillés, j’ai écarté ses bords roses et lisses et j’ai léché plus profond. La marée d’air allant et venant au sortir de ma bouche. A l’apogée de chaque souffle, j’enfonçais ma bouche au plus profond d’elle. Pour une fois, Katryn avait dormi toute sa nuit et ne pleurait pas. Ma bouche est remontée jusqu’au nombril de Gina. Elle est remontée jusqu’à ses seins. Un doigt mouillé dans sa bouche, mes autres doigts volettent sur ses tétons. Ma bouche enveloppe son autre sein et ma langue touche son téton.

Le sourire détendu sur son visage, cette manière dont sa bouche s’était ouverte à cet instant ultime, sa tête enfoncée plus profond dans l’oreiller, elle était tellement silencieuse. La tête de Gina a roulé sur un côté, et j’ai léché l’arrière de son oreille. Sous la pression de mes hanches, ses jambes se sont écartées et je me suis glissée en elle. Jamais ça n’avait été aussi bon depuis la naissance de Katryn. C’est quand je suis rentré le soir et que je l’ai trouvé dans la même position que j’ai compris.

Le rapport de police a appelé ça “un rapport post-mortem”.